Les 16 partenaires du programme de recherche européen VINOVERT se sont réunis à l'ISVV les 23 et 24 janvier 2017 pour officialiser le démarrage de ce projet qui a cependant déjà commencé en juillet 2016. Le plan de travail général a déjà été défini et finit de se préciser entre les partenaires, notamment sur les premiers projets expérimentaux en lien avec les cépages résistants.
Présentation du "Guide de l'agroécologie en viticulture" par l'INAO
L'Institut français de la vigne et du vin (IFV) et l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) ont élaboré un guide de l'agroécologie en viticulture.
Cette publication a fait l'objet d'une présentation officielle à l'occasion du Salon international de l'Agriculture en présence de Stéphane Le Foll, Ministre de l'Agriculture, le jeudi 2 mars 2017.
Entretien avec Eric Giraud-Héraud
Economiste, porteur de la chaire « Vin, Stratégies d’entreprises et Consommation durable » de l’Idex-Université de Bordeaux/ Région Nouvelle Aquitaine ; Directeur de recherche INRA et directeur adjoint à la recherche de l’Institut des Sciences, de la Vigne et du Vin (ISVV). Directeur scientifique de VINOVERT
Pourquoi ce projet est actuellement si important ?
Depuis plusieurs années, il existe une montée en puissance de la contestation sociale de l’utilisation des pesticides en viticulture. Cette contestation est liée à la santé des riverains et des viticulteurs, mais elle concerne également la suspicion sur la sécurité des produits alimentaires en général. Le vin n’échappe pas à ces enjeux, et la profession se doit d’y répondre, d’autant plus que sur bon nombre de marchés, notamment à l’export, il existe de fortes pressions pour plus de normalisation et de certification de responsabilité sociale et environnementale.
Le parti pris du projet VINOVERT est d’affirmer que cette responsabilité concerne autant le système productif que celui de la consommation. C’est pourquoi nous apportons une très grande importance à la mesure des arbitrages réels (et non uniquement déclaratifs) des consommateurs de vins, afin de mieux comprendre ce que pèsent les arguments de durabilité par rapport aux caractéristiques sensorielles ou même de marketing. Les stratégies ‘vertueuses’ des entreprises dépendent de la réponse à cette question, et en même temps d’une parfaite maîtrise des possibilités techniques de renforcement des pratiques environnementales et sanitaires.
Après, le problème est que la recherche de solutions techniques, mêmes rentables objectivement, ne suffit pas. Car il est souvent plus difficile de modifier les comportements et les routines d’entreprises que de faire la démonstration de l’efficacité globale de ces solutions proposées par la recherche. Il nous faut alors identifier les verrous comportementaux de modification des pratiques en viticulture, ce qui nécessite d’intégrer les sciences sociales aux dispositifs de partenariat recherche-entreprises.
Quelles sont les forces des partenaires de VINOVERT dans ce domaine ?
Le consortium VINOVERT s’appuie sur des laboratoires de recherche de très haut niveau et dans tous les domaines scientifiques abordés, que cela soit du point de vue de la recherche en viticulture, en œnologie ou en sciences sociales. Beaucoup de travaux ont déjà été effectués dans les laboratoires des disciplines concernées. Néanmoins relativement peu en véritable interaction disciplinaire, ce qui constitue une des deux originalités du dispositif proposé. Aucun travail ne sera fait isolément au sein d’un laboratoire sans interaction explicite avec les autres partenaires.
Le deuxième point important est la très forte mobilisation des entreprises sur ce projet pour participer concrètement aux expérimentations et aux problématisations des enjeux technico-économiques. Ce choix délibéré de recherche facilitera d’autant plus la diffusion des résultats obtenus auprès des professionnels.
Vinovert ce sera quoi ?
VINOVERT, un projet pour la filière viti-vinicole de l’espace SUDOE sur la période 2016-2019, afin de garantir la compétitivité des entreprises sur le long terme. Il s’agit d’anticiper la nouvelle demande pour une viticulture durable offrant des garanties de ‘naturalité’ et de responsabilité environnementale :
- Comprendre la réalité des arbitrages des consommateurs et des citoyens sur les enjeux pesticides, naturalité, responsabilité sociétale ;
- Développer concrètement sur le terrain des possibilités d’évolution de la viticulture et de l’œnologie tout en évaluant les (sur)coûts de production et les gains de productivité ;
- Expliciter les verrous comportementaux qui s’opposent aux demandes de rupture et les possibilités de réorientations institutionnelles et réglementaires.
Le projet VINOVERT, dont les grands principes sont décrits sur le figure 1, fait donc une large place à la recherche de solutions techniques, en mesurant les effets de ces solutions sur des indicateurs de performance environnementale et sanitaire. La rentabilité économique et la faisabilité organisationnelle viennent alors compléter le dispositif.
Figure 1 : Organisation scientifique du projet VINOVERT
Zoom sur le partenariat européen
La carte des 16 partenaires et des 10 partenaires associés du projet au lancement du projet
Marchés expérimentaux en cours
Les partenaires de Vinovert sont à pied d’œuvre dans la réalisation des actions du projet.
Sur la thématique des cépages résistants, INRA Pech Rouge a produit et microvinifié plusieurs vins blanc, selon différentes méthodes (conventionnelles, bio et cépages résistants).
Une première expérimentation consommateur sur ces vins a eu lieu fin mai 2017, sur Paris, pour déterminer le consentement à payer (CAP)* des consommateurs sur des vins issus de ces différents modes de production.
Les marchés expérimentaux (ou expérimentations consommateurs) sont des expériences lors desquelles les consommateurs sont susceptibles de donner leur consentement à payer en fonction de différentes informations données : On part du sensoriel, de la dégustation e passant par les informations de performance environnementale (mesurée par les IFT) et sanitaire (mesurée par les analyses de résidus de pesticide) jusqu’à l’étiquetage.
Les analyses des résidus pesticides sur les 4 vins testés sont assez hétérogènes, ce qui permet de discriminer les vins sur cette dimension. Le rapport final de cette expérimentation est disponible.
Une seconde expérimentation consommateurs sur les vins rosés et la thématique de la réduction des intrants œnologiques a également eu lieu à Bordeaux fin juin 2017. Les vins rosés, du millésime 2016, ont été produits et vinifiés par la coopérative « Les vignerons du BuZet », partenaire du projet. La comparaison des vins sans sulfite ajouté avec des vins conventionnels et bio est là encore effectuée en faisant évoluer l’information sur les caractéristiques des vins. Les résultats d’évolution et de comparaison des CAPs sont également disponible.
La même expérimentation a été organisée en Suède en septembre 2017 pour permettre un comparatif de la réceptivité des marchés de l’Europe du Nord et du Sud.
Plusieurs autres marchés expérimentaux ont eu lieu en France, en Espagne et au Portugal entre mai 2018 et février 2019 sur les vins rouges sélectionnés.
Tous les rapports sont disponibles sur les pages publications du site VINOVERT.
*Le consentement à payer : qu’est-ce que c’est ?
Le consentement à payer peut être défini par le prix maximum d’achat pour un produit au moment même de la situation d’achat (prix au-delà duquel un consommateur refuse d’acheter ce produit). A ne pas confondre avec le prix de vente du produit, le CAP permet de mieux comprendre l’appréciation réelle d’un consommateur en fonction de l’information dont il dispose sur les caractéristiques de ce produit. Sa révélation nécessite le recours à des procédures d’enchères qui sont clairement explicitées aux consommateurs.